Eizo Kuromaku

Il y a des noms auxquels l’Histoire ne fait pas justice. Qu’elle oublie. Ou fait oublier. Laissez-moi vous conter le récit d’un nom que l’Histoire à décider d’oublier. Ou de faire oublier.

Il y a des années, vivait au sein de Suna la famille Kuromaku. Elle était célèbre localement pour les marionnettistes qu’elle produisait. Mais malheureusement, au fur et à mesure que leur renommée grandissait, aussi l’orgueil de tout le clan augmentait. Un jour, le chef du clan de l’époque décida que rester dans Suna, village ou l’art des marionnettes bien que peu commun, devenait bien trop reconnu, ne pourrait que nuire au clan en lui même. Il pensait que pour obtenir la gloire que sa famille méritait, elle devait changer d’endroit. Partir vers d’autres contrées, là où cet art serait une nouveauté et où il trouverait la gloire qu’il mérite.

La désertion fut donc décidée, et le lendemain ou cette décision fut prise, on ne trouva derrière les Kuromaku que leur maison vide. Et l’Histoire de Suna les oublia vite.

La destination avait été décidée à l’avance, un accord avait été passé avec le Mizukage, les talents nouveaux des Kuromaku pour la région de Kiri contre un endroit où résider pour les marionnettistes. Cependant, ceux-ci, malgré leur talent inédit pour leurs voisins, se faisaient assez mal voir. Mais cela ne les empêcha pas de gagner à nouveau la notoriété qu’ils estimaient mériter.

Il y a 21 ans naquit dans cette famille Eizo. Il grandit malheureusement dans l’ombre du reste de son clan ; car même s’il possédait l’habilité de contrôler des pantins, il n’était franchement pas doué pour ça.  Réprimandes et leçons intensives étaient son quotidien.

Lorsque finalement il réussit à peu près à s’en sortir, il avait dix ans. Pour être honnête, son écart avec les autres enfants de sa famille n’était pas énorme ; deux mois seulement ; mais les règles strictes imposées par la tête du clan stipulaient qu’un retard était inacceptable. Nous vous présentions donc à l’époque la risée du clan Kuromaku, le deuxième fils de la branche principale. A la traîne derrière ses frères et sœurs, même les plus jeunes que lui. On ne précisait pas que l’écart était minuscule, le fait qu’il y en ait un était déjà quelque chose de risible. Mais Eizo vivait avec.

Cependant cette vie « paisible » ne dura pas éternellement. Un soir, quelques mois après que la honte ait eut seize ans, en une nuit toute la famille se fit taire, définitivement, sous ordre du Mizukage (la personne possédant ce titre avait bien sûr changée depuis le temps que les Kuromaku s’étaient installés à Kiri). Toute ? Non.


« J’ouvrit les yeux lentement. Mais pour une quelconque raison, mon œil gauche ne voulait pas s’ouvrir. Deux choses parvinrent à me surprendre en premier. D’abord, une odeur bizarre, comme du brûlé. Ensuite, le fait que le ciel était devenu gris, couvert par de multiples nuages. Je sentais la pluie venir. Je tentais de m’aider de mon bras gauche pour me relever. Mais pour une raison que j’ignorais, il ne voulait pas non plus bouger. La seule chose que je pouvais faire était regarder le ciel. Vite, la pluie commença à tomber. C’était une pluie légère, mais froide. Les gouttes de pluies tombaient une à une sur mon visage. Je sentais à cause de cette pluie, une douleur sur tout le côté gauche de mon corps. Mais je n’y prêtai guère attention.  J’étais captivé par le ciel. Je ne l’avais jamais regardé attentivement, mais pour une quelconque raison ; je le trouvais étrangement empathique.

Sans réfléchir, je levais mon bras droit en direction de cette toison grise, et ouvrit la main, exposant ma paume à la pluie. Je suis resté ce qui me semblait un quart d’heure comme ceci, tentant d’éviter de me souvenir de pourquoi je me retrouvais ainsi. Instinctivement ;  je touchais mon œil, pour trouver la paupière fermée. Ce fut ensuite le tour de mon bras. Après, je ramenai ma main droite ou je pouvais la voir. Elle était tâchée de sang.

Lentement mais sûrement, je me relevai. Je scrutai les alentours pour y trouver la maison familiale, aux murs intérieurs tâchés de sang.  Des assassins, sans doute envoyés par le Mizukage actuellement en froid avec la famille.  Ils avaient tués tout le monde… et après m’avoir blessé sur la gauche de mon visage, m’avaient entaillés le bras gauche. Ils m’avaient sûrement laissés pour mort.

Je levais une nouvelle fois les yeux au ciel ; et mon bras droit avec. J’ouvris encore ma main, et alors que du sang mêlé à de l’eau coulait jusqu’à mon épaule ; une idée me traversa l’esprit : « Maintenant, je dois probablement… Raser Kiri». Je formais un poing avec ma main, et je réussi à me faufiler hors de l’enceinte du village, après avoir récupéré mon pantin dans la maison et avoir enfilé des bandages autour de mes blessures.

Mon objectif ? Trouver des alliés assez puissants pour raser définitivement cette ville. Pourquoi ? Là est la question.