Akito se réveilla doucement, une voix résonnant dans son crâne. Il s'était endormi, dos à un mur. Normal, il faisait jour et cette nuit, de plus, il s'était entrainé. Le soleil se coucherait dans deux heures lui apprit un vif regard vers l'horizon. Ensuite il jeta un nouveau regard à l'homme qui l'avait reveillé. Le même simplet que la dernière fois, avec un parchemin tendu vers lui. Akito le saisit, un peu en prenant sur lui-même puis l'inconnu s'en alla. L'esprit encore brouillé par le sommeil, Akito sortit doucement de sa torpeur en lisant la requête de Kazehana Hime. D'un élément banal, un jeu entre enfant : "cache-cache" en déclina deux disparitions. Akito sourit en pensant :
"Ahah c'est qu'ils étaient sacrément bien cachés..."
La mission était ridicule de prestige mais manifestement nécessaire. D'après le parchemin les enfants qui sont revenus ont donnés des localisations plus ou moins précises dans la forêt adjacente. La tâche à l'air simple et rapide alors Akito se mit en chemin rapidement. Une fois arrivé à la forêt Akito alluma une cigarette, en soupirant alors que le soleil se couchait presque, donnant une teinte orangée à l'environnement. Akito commença les recherches, criant de sa voix fatiguée, laissant l'écho de la forêt amplifier le son de son appel. Il regretta de ne pouvoir faire de clones, ce qui lui aurait été bien utile dans cette situation et il se promit de résoudre ce problème bientôt. Quand la nuit commença à tomber il se dit que les enfants avaient sûrement dûs rentrer, quand soudainement au loin il vit une éclat de lumière, refletté par les derniers brins de soleil. Intrigué il y courut et il en trouva la source : dans une cabane, un kunai était planté dans la porte pour maintenir une affiche avec écrit d'une façon enfantine "Avant-poste de Kumo". Tout de suite, au pied de l'arbre Akito remarqua deux silhouettes. Une enfant était allongé et l'autre assis le regardait de façon inquiète. Soulagé, Akito s'approcha et à sa vue, l'enfant assis eut une lueur d'espoir dans le regard, mais pourtant il ne bougeât pas et commença à voix basse :
"C'est vous qui criez depuis tout à l'heure M'sieur ?"
Akito répondit, surprit par le flegme de l'enfant :
"Oui je vous cherche, alors toi et ton petit camarade vous allez gentiment me suivre. On rentre au village."
L'enfant ne répondit pas. Sa seule réponse fut un regard envers son ami. Pâle, gémissant, les yeux fermés comme dans un sommeil malsain il semblait vraiment mal-en-point. Akito fit son analyse. L'enfant saignait du crâne il en conclut donc : un trauma crânien. Apparemment il souffrait d'une intoxication alimentaire et d'une manifeste sous nutrition. Dans cette situation il regretta amèrement de ne posséder aucune compétence médicale, ce qui lui aurait été précieux en ce moment précis. L'enfant assis, faible lui aussi, interrompit Akito dans sa pensée comme pour répondre aux questions qu'il ne se posait pas encore :
"On jouait à cache cache avec Aruko et les autres. Moi j'étais dans la cabane et lui il voulait monter dans l'arbre, j'ai pas tout bien vu mais j'étais dans mes pensées je regardais ailleurs et j'ai entendu un cri. Quand je me suis retourné, il était tombé et apparemment sur la tête. Je ne sais pas ça fait combien de temps mais je suis là je peux pas le bouger il est pas revenu à lui. J'essaie de le nourrir avec des baies que je trouve...
-D'où la manifeste intoxication, les sueurs froides, ok. Pensa Akito.
...mais il en mange peu et j'osais pas partir pour aller chercher de l'aide j'avais peur qu'il se réveille pendant que je ne suis pas là."
Akito hocha la tête en signe de compréhension et ne perdit pas de temps. Il déposa son sac et en sorti ses propres rations qu'il avait quand il partait un peu trop longtemps du village pour errer. Il les donna au gamin qui les mangea à grande vitesse. Rien à faire pour l'autre, il était inconscient. Akito le prit dans ses bras sans savoir ce que le trauma avait déclenché chez lui, sans connaissance médicale il savait tout de même qu'à la tête, le moindre choc pouvait être grave.
Akito regarda l'enfant qui mangeait et se dit qu'il était là le symbole bienveillant de l'amitié sincère, de la loyauté et de la force d'âme. D'un signe de tête il lui ordonna de s'agripper sur son dos alors qu'il portait l'autre, immobile dans les bras. Il savait que d'ici, avec les deux à porter se serait long et difficile mais peu importait, une vie était en jeu. Courant de toutes ses forces à travers les arbres, il répondit à l'enfant afin de pourfendre son inquiétude d'une bonne dose de paternalisme. Il en avait besoin :
"T'inquiète pas gamin, t'as fais le bon choix. Sans toi ton petit camarade serait vraiment dans un pire état, ton soutien lui a été d'une grande aide. Et je suis persuadé qu'il va s'en sortir sans souci."
L'enfant esquissa un sourire et réussi à s'endormir tout en se maintenant à Akito. Plusieurs heures plus tard, il se réveilla au village de Kumo, Akito venait juste d'arriver. Akito les amena, lui et son ami à l'hôpital du village, expliquant la situation aux médecins. Une fois déposés dans l'établissement il n'était plus du ressort d'Akito. Il avait fait ce qu'il fallait, il se le répéta pour se rassurer. En sortant de l’hôpital il baissa la tête et vit sur ses mains le sang de l'enfant. Celui ci fut évocateur d'un trop plein de sentiments, remontant à l'enfance. En une fraction de secondes Akito serra les dents et verrouilla cette émotion afin de ne pas la libérer. Il garda le contrôle, il leva la tête et aperçu des étoiles filantes, le ciel était dégagé et la volupté du crépuscule dansait de son infinie profondeur. C'était merveilleux. Son coeur s'en trouva doucement calmé.
Akito, comme à son habitude prit une cigarette dans sa poche, une allumette de l'autre et se laissa tenter par ce vice qu'il aimait tant. La fumée fut aussi apaisante que la fois précédente. Il fit un geste en arrière pour attraper son sac afin d'écrire son rapport et.... Le sac ! Non ! Il avait oublié le sac ! Dans un gémissement d'enfant capricieux, il se résolut à se mettre en route, en marchant cette fois, afin d'aller récupérer ses affaires. Il écrirait son rapport en revenant. En vérité ce n'est pas son rapport mais son poème dû jour qu'il avait très envie d'écrire. En marchant il le vit déjà dans son esprit, se dessiner les premiers vers :
"Malgré les jours passés dans la faim
Et surtout dans l'éveil incertain,
Ils restèrent ensemble à lutter
Sans la peur d'un jour échouer.
Sans la peur d'un jour se voir disparaitre
Leur corps est en apparence petit, certes
Mais leurs cœurs sont à la hauteur de leurs fois.
Ne lâchant pour rien ce à quoi ils croient.
Dans le crépuscule naissant, la douleur
A fait naitre deux frères mais deux âmes-soeurs
Se protégeant, au sacrifice de sa propre vie
Afin que l'autre effleure les courbes de la survie
Sincérité et fraternité sont les moteurs humains
Qui à cette époque n'alimentent plus rien.
La vertu sort de l'âme de chaque enfant
Censé être exemple, le vice sort lui, du corps des grands.
Alors pourquoi s'étonner que la guerre éclate
Et qu'à nos pieds s'écoule un sol écarlate
Gorgé du sang de nos espoirs passés
Et supplanté d'illusoires brisés ?
Mon espoir est dans l'adulte nouveau
Peut être lui nous apprendra t-il de par ses mots
A mieux nous comporter comme nous n'avons pas su le faire
Lui seul peut nous sauver de notre propre enfer."
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Lun 8 Juin 2015 - 23:16
