A la cueillette aux... chouettes.

En ce jour de printemps, Mai était partie à la recherche de nouvelle graines pour agrandir son champ de culture. Elle avait consulté une livre de botanique qui lui avait appris l’existence d'une herbe utile éloigner les ravageurs de jardin. Elle s'était donc rendu hors du village, et même du pays de l'eau pour la première fois, seule. Elle avait marché pendant deux jours avant d'arriver à l'orée du bois de Vifs-crocs. Il dégageait une aura assez effrayante, et on se sentait observé dès que l'on s'en approchait. Par chance pour elle, la plante poussait généralement à la périphérie des grands bois dans les prairies avoisinantes.

Elle n'avait pas eu, donc, à entrer dans le bois et s'était attelé à chercher la dite plante. Elle était déjà à sa recherche depuis une heure quand elle aperçut enfin une plante mature. Ses jambes commençaient à lui faire mal après avoir été fléchies pendant tout ce temps. Soulagée, elle s'approcha de la plante, et vit que l'herbe frémissait à son approche. Elle ralentit donc son pas et quand elle fut à portée, lança sa main dans le buisson. Elle en sortit un petit mulot brun, typique des prairies sauvages. Le mulet effrayé, se débattait dans sa main. Elle dit d'une voix douce :

" Chuut. Ne t'en fais pas, je ne vais pas te faire de mal. "

En disant ces mots, elle caressait doucement le dos du mulot. Elle le sentit se détendre au bout d'un moment, s'assit et relâcha son étreinte. Elle le posa délicatement sur sa jambe, continuant de lui gratter le sommet de la tête entre les deux oreilles. Le mulot restait là, appréciant se moment de détente inhabituel. Elle perçut à peine une ombre passer devant ses yeux, et ne sentit pas le mulot se faire arracher de sa jambe. Quand elle put distinguer la forme, elle vit qu'il s'agissait d'une chouette. Elle s'écriait bien qu'il s'agissait d'une chouette :

" Eh, tu n'as pas le droit de faire ça ! "

La chouette, posée sur une branche, engloutit le mulot en quelques secondes et posa ses grands yeux ronds sur elles, les clignant rapidement. Son bec crochu, encore ensanglanté, s'entrouvrit et s'anima pour prononcer cette phrase :

" Ah les humains... vous oubliez décidément tout de votre nature sauvage. "

Mai, les yeux écarquillés, balbutia une phrase qu'un autre ninja aurait trouvé idiote :

" Une chouette qui parle !? "

La chouette ouvrit ses ailes, et plana jusqu'au sol. Elle s'était posée en face de Mai et lui répondit:

" Vous êtes très candide ma chère. Et pour commencer, je ne suis pas une chouette, je suis la Chouette. Je suis Nirmaya, dite la sage ! Représentante des Strigides de notre monde "

Elle se coupa dans son discours, et tressauta. Finalement, elle cracha les restes d'os et de poil du mulot. Prise d'un haut le cœur Mai se retint de vomir. La chouette cligna encore des yeux, d'un air surpris, et observa la jeune fille avant de dire :

" Quelle petite nature vous faites, avec tout ça vous êtes vraiment ninja ? Dans ma jeunesse, les ninjas aux côtés desquels je me battais étaient plus valeureux et résistants. "

" Vous vous êtes battue avec des ninjas ?! "

" Décidément je vais finir par croire que vous êtes un peu sotte ! Oui il existe des animaux qui passent des pactes avec les hommes pour devenir leur compagnon jusqu'à la mort de l'un ou de l'autre. Comme vous le voyez, je ne suis pas morte mais eux oui. Je suis donc libre de tout pacte et je peux faire ce que je veux ! "

" Qu'est ce que c'est que cette histoire de pacte ?! "

Devant l'air abasourdi de Mai, elle agita des ailes pour faire apparaître le rouleau d'invocation. Elle l'ouvrit et lui montra, les traces de mains, les noms... Mai lisait avec une grande attention et ne sentit pas le vent se lever jusqu'à ce que, tout à coup, éclata un orage. Il fut brutal et puissant, le vent soufflait très fort. L'oiseau s'exclama :

" Rangez ça il va s’abîmer !! "

Elle fit disparaître le rouleau et s'envola en direction de la forêt. Mai se mit quant à elle à courir vers la cabane de bûcherons à côté de la forêt. Mais après avoir parcouru quelques mètres elle entendit :

" Ehh, à l'aide par ici ! "

Reconnaissant la voix de la chouette, elle fit demi-tour et la retrouva sur le sol avec une aile cassée. Le vent l'avait prise à défaut et l'avait projetée au sol. Elle lui dit :

" C'est de votre faute tout ça ! Vous m'avez fait baisser ma vigilance et voilà le résultat ! Vous devez réparer ça... "

Mai se sentit obligée de lui obéir et la porta jusqu'à la cabane. Une fois à l'intérieur, elle utilisa quelques branches trouvées dans la cabane et le mokuton pour lui faire un atèle pour l'aile. Grâce à ceci, la chouette put voler, non sans douleur, mais elle put.

" Je vous doit une fière chandelle jeune bûcheronne, allez signez moi ça ! Après tout le combat me manque après tout ce temps. "

Elle eut à peine le temps d'assimiler ce que venait de lui dire la chouette que celle-ci lui pinça le doigt, avec son bec, lui laissant un entaille d'où sortait un petit flot de sang.

" Allez, allez ! Signez. "

Mai s'exécuta et le rouleau disparut. La chouette apparemment impatiente, tapotait des serres sur la table de bois massif. Elle ajouta :

" Bon on attend que le vent se calme et on y va ! J'espère que vous avez un endroit digne de ce nom pour me loger là-bas par chez vous ! "

Mai surprise, sourit après un instant et lui confirma qu'il y avait bien un endroit. Une fois l’orage passé, elle se mit donc en route avec des graines et une chouette râleuse sur son épaule.

Validé