Eizo Fuyusaki - Mission de rang A - Récupérer un ancien détenu

Mission:

Il lui suffit d’un mouvement souple du poignet pour qu’une étincelle vienne allumer la mèche de son briquet à essence, créant une flamme pas plus grosse que celle d’une bougie et pourtant stable. Eizo approcha sa cigarette de la flamme pour l’allumer. Seule une inspiration fut nécessaire pour terminer cette action, et d’un autre mouvement souple du poignet il referma son briquet en métal neutre de toute décoration. Il regarda ensuite la chope de métal actuellement posée devant lui. Elle portait les traces du temps, c’est-à-dire des bosses et des déformations, mais aussi quelque chose de plus récent en son sein. De la bière brune moussant légèrement. En dépit de la qualité de l’établissement dans lequel Eizo se trouvait, c’est-à-dire un bar miteux dans une ville de taille moyenne en plein sud du pays de la foudre, il se pouvait qu’elle soit bonne. Après tout, c’est ça le secret pour tenir en vie de tels établissement : une bière sinon bonne au moins correcte et très peu chère.

Mais Eizo ne se souciait pas de cela, car il ne goûterait même pas la bière qu’il avait commandé. S’il était ici après tout, ce n’était pas pour la goûter, mais bien car il s’intéressait à autre chose dans ces quartiers ouvriers ; il était sur la piste de Tetsujin no Ryôma. Un surnom totalement inconnu pour quiconque habiterait ailleurs qu’en plein sud du pays de la foudre, car ce n’est que là que « Ryôma l’homme de fer » est reconnu comme un meurtrier de shinobis notoire. Maître d’armes de bonne expérience ayant aiguisé ses crocs en voyageant de par le monde au service de marchands réputés, c’est en massacrant de nombreux bandits qu’un jour sa tête fut mise à prix. Longtemps traqué, il décida de s’établir dans le sud de Kaminari no kuni pour faire face aux nukenins et mercenaires s’étant lancé à sa poursuite, les défaisant à chaque fois. Il était devenu en cette période une perle rare : un non-shinobi spécialisé dans le meurtre de ninjas. Plus d’un an après ses débuts, il attira l’attention d’une équipe de ninjas de Kumo de retour de mission, composée notamment d’un ANBU, et faisant route vers leur village. Ceux-ci bien intéressés par arrondir leur fin de mois décidèrent de s’attaquer à lui. L’ayant sous-estimé, Ryôma n’eut aucun mal à les abattre, même l’agent de l’ANBU qu’il réussit à prendre par surprise… Mais c’était sans avoir connaissance de leur lien avec Kumo qui bientôt déploya de nombreuses ressources pour le mettre hors d’état de nuire. Traqué et blessé il n’eut d’autre choix que de se rendre, et un chef de mission miséricordieux se contenta de le capturer plutôt que de le tuer une fois pour toutes. Il fut jugé à Kumo et condamné à une peine de prison à durée indéterminée. Il resta enfermé plus d’une dizaine d’années dans une prison aux côtés de criminels de droit commun, accomplissant périodiquement des travaux d’intérêt généraux, avant d’être relâché récemment pour bonne conduite. Une décision légitime mais regrettée par quelques dignitaires de l’ANBU encore rancuniers qui demandèrent à Eizo de leur faire une faveur, leur ramener la tête de ce Ryôma, encore attachée à son corps ou non.

Alors il avait accepté, tant pour le mérite que cela lui permettrait d’accumuler que pour la faveur qu’il pourrait obtenir en paiement auprès de ces ANBUs. Habillé d’une vieille tenue de voyage accompagnée d’une cape longue et usée, et accompagné de cinq de ses marionnettes elles-mêmes vêtues de tuniques de voyage (cinq autres avaient été dissimulées plus bas dans la rue au sein d’un local à ordures), Il était attablé au fond d’une taverne miteuse, près d’une fenêtre afin de pouvoir observer la rue principale de ce quartier qui avait été le repaire de Ryôma dans son année de gloire. C’était aussi là qu’il avait pu être aperçu plus récemment. Faisant semblant de boire et fumant cigarette après cigarette, il observait cette rue. Elle n’était que peu fréquentée en fin de compte, puisqu’en pleine journée la plupart des habitants sont en plein travail. Toutefois, une personne faisait innocemment des allers retours dans cette avenue, sans doute ne sachant pas quoi faire d’autre. Un grand homme très musclé, borgne, ne possédant que des cheveux très courts disposés sur son crâne. Armé d’une grande hache attachée par des sangles à son dos, il ne faisait aucun doute qu’il s’agissait bien de Ryôma l’homme de fer. Et Eizo le surveillait de près afin d’établir sa routine, car dans cette mission, et en général pour un marionnettiste, surprise et préparations sont les clés de la victoire. Ces informations à l’esprit, il concocta un plan, et finalement fut prêt à passer à l’action.

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La puissance de son adversaire était très grande, il était expérimenté et ce particulièrement lorsqu’il s’agissait d’exécuter des Shinobis. Exactement ce qu’était Eizo en somme.  Mais le marionnettiste possédait plusieurs avantages qui risquaient d’être déterminant dans cet affrontement : tout d’abord Ryôma se faisait vieux. Bien sûr il ne se fatiguerait pas facilement comme n’importe quel autre sénior, mais sans doute ne pourrait-il pas faire autant que lors de ses heures de gloire. Ensuite, et c’était là le plus important, l’effet de surprise. Justement la grande spécialité d’Eizo. L’élément déterminant serait que le marionnettiste affronterait un homme seul, tandis que lui disposait de dix marionnettes dûment équipées. Chaque piège serait un avantage en soi.

Alors c’est entouré de deux de ses marionnettes qu’il apparut en face de son adversaire alors que celui-ci continuait à marcher tranquillement dans la rue, tout en fumant une énième cigarette. Les rues se vidaient progressivement. Etait-ce dû aux magouilles d’Eizo ou aux gens du coin à qui Ryôma rappelaient de lointains souvenirs ? Cela importait peu ; en tout cas Ryôma lui fit face. Il observa Eizo, ne semblant pas surpris, ainsi que les deux marionnettes.

« Alors c’est toute cette petite compagnie qui n’a cessé de m’observer tout l’après-midi… Je ne demanderais même pas pourquoi. Je dirais seulement que j’espérais pouvoir être tranquille encore un petit moment. »

Eizo profita de cet instant pour détailler son adversaire qui commença à se gratter le haut du crâne. Naturellement, son corps paraissait exceptionnellement bien entrainé, suffisamment pour, sans doute, manier parfaitement la hache de bataille accrochée à son dos. Un autre détail frappa Eizo. Il n’était pas assez proche de son adversaire pour observer ce détail, mais il lui sembla voir son regard vadrouiller au-delà de son petit groupe. Avait-il compris que trois autres marionnettes se tenaient prêtes à agir depuis les toits ? Après tout, encore une fois, il s’agissait d’un expert dans le meurtre shinobi et dans l’art de déjouer ce genre de traquenards. Mais il était trop tard pour ce genre de considérations, Eizo devrait faire avec. Il continua à fixer Ryôma en affichant un léger sourire. Après une dernière bouffée de sa cigarette, il la jeta, l’écrasa, et dit :

« Bon, et bien ça nous fera gagner du temps. Mais j’aimerais quand même- »

Il s’arrêta de lui-même car il lui fallait agir vite. C’était prodigieux. En un instant, son adversaire avait sa hache en main- dans une seule main en dépit de sa taille-, et avait effacé la distance entre eux. Il était très rapide. Sans être un ninja. C’était un véritable monstre. Il s’apprêtait à violemment abattre son arme sur Eizo qui n’eut le temps que de reculer suffisamment pour diriger la marionnette sur sa droite en plein sur la direction du coup de hache. Celui-ci déchira tout le pantin, le bois, l’armature en fer et les divers renforts, jusqu’à se loger en bas du bassin. Une grande quantité de poudre s’échappa du pantin pour se déverser sur les pieds de Ryôma, qui ne semblait pas spécialement étonné ; sans doute ne s’attendait-t-il pas à découper du bois, mais son expérience lui permettait d’éviter toute surprise.

C’était un peu le genre de situation qu’aurait aimé atteindre Eizo, histoire de fumer son adversaire le plus rapidement possible. Mais là, il était encore trop proche de son pantin, alors lui aussi serait touché dans la colossale explosion. D’autant plus que le pantin à sa gauche était tout aussi bien fourni en poudre. Un certain désavantage en soi. Il lui fallait retourner la situation vite. Il effectua des mouvements avec ses mains tout en reculant, essayant désespérément de s’éloigner. L’autre pantin qui l’accompagnait révéla une lame dissimulée sur son bras droit, et tenta de porter un coup très rapide à Ryôma, qui d’un mouvement dirigea le pantin placé au bout de sa hache vers celui essaya de l’attaqué, les éclatant bruyamment l’un contre l’autre. Eizo en profita pour activer un des mécanismes de son premier pantin, qui immédiatement fit se répandre un épais nuage de fumée blanche depuis des orifices situés dans sa jambe droite alors qu’il partit en morceaux. Instantanément, il fit se révéler ses pantins dissimulés sur les toits. Deux d’entre eux, de part et d’autre de la rue, tendirent leurs bras vers le nuage de fumée, et commencèrent à déverser une nuée de kunai dans le nuage de fumée. Sans doute avaient-ils raté leur cible, mais ils obligeaient celle-ci à ne pas faire de mouvements brusques. Le troisième déploya une lame depuis son bras droit et chuta dans le nuage de fumée. C’était alors le moment ; pendant que son ennemi était occupé à gérer tout cela, Eizo qui s’était suffisamment éloigné pour éviter le très gros de l’explosion envoya cette petite impulsion de chakra à ses trois marionnettes au sein de la fumée pour que leur réserve de poudre détonne, ce qu’elles firent : une explosion colossale ravagea le centre de l’allée et souffla la terre et la fumée tout d’un coup.

Eizo lui-même, s’il n’était pas pris dans l’explosion, fut violemment soufflé. Faisant quand même usage de son agilité, il se remis rapidement debout en faisant fi de ses blessures, avantage d’un corps de bois, et observa la situation. Ses observations lui rapportèrent la conclusion suivante : il se trouvait en face d’un véritable monstre. Usant de sa vitesse phénoménale, il s’était rapidement éloigné du « point zéro » de l’explosion tout en envoyant voler une partie de la poudre déjà étalée sur le sol dans la direction inverse de son échappatoire. Il avait été pris dedans, et sa chair semblait avoir plutôt encaissée. Mais il se tenait toujours de bout, de l’autre côté du véritable cratère causé par l’explosion au milieu de la rue, par rapport à Eizo. Il avait sa lourde hache dans ses deux mains. Sans doute avait-il été bel et bien affecté par l’explosion en fin de compte. Mais le marionnettiste n’avait pas le loisir de penser à ce genre de choses maintenant. Il devait courir récupérer ses autres marionnettes. Il pourrait y aller rapidement en courant, mais tourner son dos à son adversaire offrirait une ouverture à celui-ci ; alors ce n’était pas une option. Il fit en sorte que ses deux marionnettes restantes se jettent sur Ryôma depuis les toits et activa les mécanismes d’explosion peu après. Il n’eut pas le temps de constater le résultat, car usant de toute sa vitesse il effectua des mudras pour conjurer un des seuls jutsus doton qu’il connaissait, le rempart de terre, et dans la foulée se rua vers l’arrière en entendant une explosion dans la direction de son adversaire.

Arrivé en quelques secondes au local à poubelles qui contenait ses dernières armes, il attacha ses fils de chakra à ses cinq pantins dissimulés avant de les ramener rapidement à ses côtés et de se détourner vers le mur de terre. Ou ce qu’il en restait, car avant qu’Eizo n’ait le temps de s’en rendre compte, il avait été abattu d’un coup de hache de la part de son adversaire. Qui avait été plus lent que ne l’avait originellement prédit le marionnettiste, c’était le signe que sa deuxième explosion avait eu l’effet escompté.

Mais tout allait se jouer maintenant. Toutes les marionnettes, à l’exception d’une, révélèrent des lames cachées dans leur bras droit. Eizo n’attendit pas que son adversaire n’ait l’occasion de se rapprocher ; trois de ses marionnettes se rapprochèrent à bonne vitesse de celui-ci, qui malgré son handicap oculaire semblait parvenir à toutes les suivre du regard. Mais d’un coup, il projeta une quatrième directement sur Ryôma, tel un projectile. D’un seul coup, le tueur de ninjas la trancha tout du long, révélant son intérieur. Instantanément, cet intérieur sembla s’enflammer, provoquant une large explosion directement en face de Ryôma, qui avait à peine eut le temps de s’en éloigner d’une impulsion tout en la repoussant d’un coup de hache supplémentaire.

L’explosion avait eu plus d’effets toutefois, mais un peu trop : elle était parvenue à brûler le visage même de Ryôma, mais avait également eut lieu près de deux autres pantins (en grande partie même), qui explosèrent en même temps en raison de la grande quantité de poudre stockée dans leur torse. Et Ryôma n’eut aucun mal à se relever, tandis que seuls deux pantins aussi boucliers potentiels restaient aux marionnettistes : le combat atteignait sa dernière phase. Soit Eizo tombait à court de tours et pièges en premier, soit l’endurance phénoménale de Ryôma lui faisait défaut. C’est de cette façon qu’allait se dérouler la fin du combat, et Eizo décida de tout miser sur cet assaut final.

D’un coup de main Eizo projeta sa marionnette la plus proche de Ryôma vers celui-ci, qui prenant une impulsion la découpa nette. Eizo suivi cet assaut d’un second en utilisant son autre marionnette. Tout allait dépendre de cela.

Toutefois son adversaire n’était lui-même pas à court de tours. Il repoussa nettement et avec grande force la marionnette d’un coup de pied, droit vers Eizo, qui avait activé immédiatement les mécanismes explosifs, afin d’être sûr qu’au moins une marionnette exploserait. Il tâcha de s’écarter de la trajectoire de son pantin, qui explosa à seulement quelques mètres de lui, le brûlant en partie et l’envoyant s’écraser contre un mur très violemment. Tellement qu’il le traversa en partie en fait, et il atterri à moitié dans ce qui semblait être une réserve. Se relevant tant bien que mal, ce fut une mauvaise surprise qui accueilli son corps qui commençait à montrer des faiblesses structurelles. Son adversaire, horriblement brûlé et avec un bras en moins, visiblement pulvérisé par l’explosion. Il ne tenait même plus sa hache d’ailleurs, et était couvert de sang. Usant de sa force restante, il souleva Eizo d’un bras, le saisissant à la gorge.

Il l’observa, puis senti que ce qu’il touchait n’était pas de la chair. Eizo, qui le remarqua, eut un sourire.

« J’ai plus d’un tour dans mon sac, mon vieux »

Dit Eizo, ce qui fit grimacer son adversaire, qui voulut l’expédier d’un coup vers un mur proche. Resserrant sa prise sur la gorge d’Eizo il arma son bras ; ce avant de se sentir faiblir. Il tomba au sol et lâcha sa prise, alors qu’Eizo avait planté un kunai dans sa gorge. Ayant vu la situation évoluer, cela lui avait semblé le dernier plan valide. Il se releva, observa son ennemi et pensa son surnom bien mérité. Il se demandait même si la récompense promise en valait coup, en fin de compte. Comme il le put, il traîna le cadavre de sa main gauche, alors que de sa main droite, il voulut réajuster son chapeau… qu’il avait perdu depuis un moment, ce qu’il n’avait pas remarqué. Il se senti un peu déprimé, du coup, d’autant plus en envisageant les réparations à faire sur ses pantins, une bonne partie étant en pièces, et sur sa propre personne. Il soupira.

"Ca a intérêt à valoir le coup" pensa-t-il en traînant son fardeau.

Très bonne mission, je la valide avec 250 points de missions et 2500 Ryos.