Changement de visage [PV Eizo]

Aeon était assis, tranquillement. Il buvait une tasse de thé. Tranquillement, il se regardait dans un miroir. Il regardait son visage. Voilà son ancien visage de retour. Il le regardait. Comme s'il n'avait jamais changé... Pourtant, voila quelques mois qu'il n'avait plus vu cette tête. Il l'avait plutôt bien reproduit... A vrai dire, on n'y voyait que du feu. Comme s'il n'avait jamais changé. Cette technique pour changer de visage était très pratique, il fallait bien l'avouer. Aeon souriait. Il semblerait que ce visage marque un nouveau changement.

A vrai dire, son visage était assez spécial. Des croix ornaient son front, symbole du sceau utilisé pour sa résurrection. De plus, ses yeux étaient maintenant violets... Surement un résidu du Rinnegan. Ou alors, c'était car Aeon ne pouvait s'imaginer sans ? Très bonne question. En tout cas, il ne pouvait pas tourner la page sur cet oeil. Il ne pouvait pas fuir. Il devait affronter son passé, pour pouvoir ensuite aller de l'avant. Cette pensée lui traversait l'esprit depuis le combat contre Kazuo. Comment allait-il faire pour défaire cet ennemi, cet oeil. Il le détestait, mais l'admirait en même temps.

Le chef de l'Akatsuki se leva alors. Ces pensées l'empêchaient d'être calme. Il n'avait pas plus de réponses, mais au moins, il avait la bonne question. Il avait réalisé qui étaient ses ennemis. Le Rinnegan et le système. Voila les malheurs de sa vie. Il grimaçait. Le chemin s'annonçait plus dur que prévu.

Aeon contemplait Ame. Il se trouvait dans une grande tour, assez spéciale, très bien entretenu. Une des tours qu'il contrôlait. Après tout, une partie d'Ame lui était acquise. La salle dans laquelle il se trouvait se situait au sommet de la tour, et à travers de grandes fenêtres, on pouvait observait la ville. Aeon se demandait... Comment reconstruire ce qui a été brisé ? Ce qui est mort peut il vivre une seconde fois ? Ce village, tout comme lui, auraient-ils droit à une seconde vie ? Toutes ces questions...

Le Tsuchikage décida de s'assoir, pour reprendre sa tasse de thé. Il avait changé depuis ce combat. Il avait décidé de vivre. Avant cela, il n'était qu'une coquille vide, tentant d'échapper à ses fantômes du passé, tout en étant finalement guidés par ces derniers. Dorénavant, il avait décidé de vivre avec son passé, de l'affronter. Il avait une nouvelle vie devant lui. Mais il devait se battre pour la saisir. Vaincre Yami. Défaire le système. Et trouver son propre bonheur. Peut-être se trouvait-il dans l'Akatsuki ? Peut-être dans l'amour d'une femme ? Ou encore, peut-être en gérant Iwa, puis, par extension, peut être tous les villages.

-Ce thé est décidément délicieux... N'est-ce pas, Eizo ?

Aeon sourit. Il se doutait que le marionnettiste était ici. Il l'avait fait venir. Une autre tasse de thé se trouvait là, pour son compagnon. Après tout, comment ce dernier aurait-il pu répondre à sa question sans goûter.

Le Chef de l'Akatsuki s'amusait d'avance de savoir à quelle entrée en scène il aurait droit. Il avait beau savoir que son subordonné était là, ce dernier ne s'était pas encore dévoilé...

« Euh… Ei- »

« Silence, humain. Je suis en train de me délecter du savoir contenu dans ce grimoire. Tu ne seras autorisé à me transmettre tes paroles que lorsque j’aurais terminé cette page. Soit donc patient, impudent. »

Eizo venait de couper de cette façon la parole à un ninja du village d’Iwa, un Chuunin, qui était venu lui délivrer un message de la part du Tsuchikage. Le shinobi portant la veste distinctive de son rang était vraiment embarrassé par cette situation.

Ce matin, un de ses supérieurs lui avait attribué cette tâche, en apparence simple, et il avait accepté sans objections, bien qu’il n’eut pas vraiment envie de rencontrer le Chuunin Eizo Kuromaku, réputé parmi ses homologues comme… étrange. Il s’était donc rendu à la maison de celui-ci, entra puisque la porte était déjà ouverte, et ne trouva qu’une pièce remplie de livres et de pièces détachées rangés dans d’innombrables cageots, eux-mêmes rangés sur des étagères réparties dans toute la petite pièce, qui ne comprenait d’ailleurs pas un seul lit. Au fond de la pièce se tenait l’objectif de sa mission, Eizo, qui, affalé sur son fauteuil de bureau en piteux état, était en train de lire un livre, intitulé « traités de Biologie appliquée sur des animaux ».

Moins de cinq fois le Chuunin avait essayé de délivrer le message à son homologue, mais à chaque fois il lui disait qu’il voulait d’abord finir le chapitre qu’il était en train de lire.

Finalement, le marionnettiste ferma son livre, et fit face au ninja.

« Bien, humain, tu peux parler. Quelles histoires es-tu donc venu me conter ? »

Dit-il de sa voix grave.

« Ah, hum, tu as été convoqué par le Tsuchikage. Il te convoque à Ame, où il se trouve actuellement. Hum… Bonne chance, pour la marche. »

Eizo resta pensif quelques instants. Aeon Cliff le convoquait ? De quoi voulait-il bien parler au marionnettiste ? Ignorant finalement ces questionnements, il sourit légèrement.

« Hum. Je te remercie de m’en avoir parlé, humain. Tu peux disposer.»

Et le Chuunin s’en alla. Eizo lui-même prépara un petit sac de voyage et entama de quitter Iwa.

-----

Finalement, le marionnettiste arriva environ un jour plus tard au village de la pluie. Assez peu étonnamment, il y pleuvait. Eizo marchait dans la boue et il portait son chapeau de paille qui lui permettait de ne pas se recevoir d’eau de la part du ciel. En dehors de cela, et comme toujours, il était habillé de sa longue veste noire, de sa très grande écharpe violette, de sa chemise blanche, de son pantalon noir et de ses bottes en cuir.

Après être entré dans le village, il n’eut que peu de peines à trouver l’endroit indiqué par le messager.

« Une tour, hein ? Cet homme ne sait pas se renouveler, décidément. »

Soudain le marionnettiste eut une idée. C’était une tour, et le Cliff l’attendait très probablement à son sommet… Il fit un sourire en coin, et se dirigea vers l’entrée de la tour.
Il s’arrêta, leva la tête vers le ciel, puis observa quelques instants, ignorant les gouttes d’eau atterrissant sur son visage, la tour. Bien entendu, c’était une tour d’Ame. Ainsi, la construction n’était pas le produit d’une industrie parfaite, mais pourtant, contrairement aux attentes d’Eizo, le bâtiment ne montrait aucune irrégularité dans sa construction. Mais bon, pour un ninja, cela ne devrait pas être un problème.

Il effaça son sourire de son visage, pris un peu d’élan, et… fonça vers la tour, pour courir dessus verticalement.

Entre rapidement et avec une vitesse modérée il arriva sur le toit. De là, il observa ce qui se trouvait sur le toit. Le manipulateur aurait espérer y trouver une fenêtre pour pénétrer directement à l’intérieur de la salle.

Finalement, il trouva mieux que cela : une trappe. Pourquoi une trappe sur une tour aussi haute ? Cela échappait à la compréhension d’Eizo, qui finalement se décida à utiliser la trappe pour rentrer le plus vite possible, étant donné qu’en haut d’une tour aussi haute, le vent et la pluie glaçaient le sang du marionnettiste.

Discrètement, par une valve semblable à celle qui pourrait être utilisée pour fermer une porte pressurisée, Eizo ouvrit la trappe.

Il avait pensé à chacun des mots auxquels il allait dire pour effectuer la plus majestueuse des entrées qu’il avait pu accomplir à ce jour.

Il venait de finir d’ouvrir la trappe. Il s’apprêta à sauter à l’intérieur, quand la voix d’Aeon Cliff l’interpella.

-Ce thé est décidément délicieux... N'est-ce pas, Eizo ?

Et voilà, Eizo Kuromaku s’était fait repéré. Mais il était déjà trop tard pour qu’il renonce à son entrée ! Il sauta par la trappe, atterrit sur le sol de la pièce, et posant tel un méchant ayant fini sa séquence de transformation, il dit :

« Soyez effrayés ! Car moi, le vainqueur d’autres mondes, celui qui n’obéit ni à la volonté des cieux ni à celle des enfers suis venu apporter à cette Terre son jugement ! Mortels ! Votre survie seule dépend de- »

Au final, il s’arrêta en plein milieu de lui-même. Etre découvert ne l’avait pas amusé du tout. Il monta l’échelle qui menait à la trappe, la referma, et amena péniblement son corps trempé jusqu’aux os par la pluie jusqu’au fauteuil à côté de celui d’Aeon, s’y assit, et pris sur une table la tasse de thé qui lui était destiné.

Il en but quelques gorgées, puis, il répondit à la question d’Aeon.

« Ce breuvage n’est point déplaisant. Cependant, il est loin d’égaler celui que peuvent préparer les dix-sept nymphes des forets du Nouveau Monde. »

Fut sa seule remarque. Il termina sa boisson, avant de regarder Aeon.

« Aeon Cliff. Peut-être serait-il temps que tu me dises pour quelle raison tu m’as fait venir jusqu’ici. Peut-être est-ce en rapport avec ton nouveau masque ? »

Dit-il, bien entendu, en référence au visage d'Aeon.

L'arrivée du marionnettiste ne s'était pas avérée être une déception, loin de là. D'une certaine manière, Aeon savait qu'il pouvait toujours faire confiance à son bras droit à Iwa pour effectuer des entrée en scène fracassante, et celle ci ne faisait pas exception. En effet, elle était tout aussi théâtrale, et surtout, tout aussi ridicule que ses habituelles entrées en scène. Le chef de l'Akatsuki ne pouvait se décider sur ce qui était le plus ridicule. Etait-ce le fait que cet homme était trempé de la tête jusqu'au os ? Le fait qu'il soit rentré de façon théâtrale par une trappe dont le but original était de monter sur le toit pour réparer quelques appareils électroniques ? Ou bien le fait qu'il se soit arrêté en plein milieu de sa tirade, se rendant lui même compte du ridicule, pour fort amusant, de son acte. Quoi qu'il en soit, il avait mit fin à sa représentation, et avait rapidement quitté sa scène.

Le Tsuchikage appréciait beaucoup les excentricités de cet homme. Il trouvait que cela mettait un peu de gaité dans des atmosphères aussi tendues que celles ci. Après tout, un peu de rire n'était pas une mauvaise chose. La plupart des ninjas d'Iwa étaient mal à l'aise à côté d'Eizo, mais c'est simplement car il ne pouvait comprendre cet mystérieux individu, qui restait, même pour Aeon, assez étrange, et difficille à percer à jour.

Quoi qu'il en soit, son interlocuteur finit par s'assoit à son tour, après avoir décidé de mettre fin à son spectacle. Il semblait légèrement agacé, ce qui était assez amusant. Le chef de l'Akatsuki se contentait de boire son thé, tandis que son compagnon faisait de même. Ce dernier fit ensuite une remarque sur le gout du thé, commentant que ce dernier n'était pas au niveau de "celui que peuvent préparer les dix-sept nymphes des forets du Nouveau Monde."

-Et bien, il faudra que tu me le fasse gouter un jour.

Aeon dit cela avec amusement. La réaction du marionnettiste serait surement soit de s'énerver, soit de nier la possibilité que cela soit possible, ou en tout cas, de la rendre extrêmement complexe, ce qui serait extrêmement divertissant. Cependant, cette frivolité n'allait pas rester dominante pendant très longtemps. Il était temps de parler de choses plus sérieuses.

Le Tsuchikage posa sa tasse, et s'appuya sur son siège, se reposant plus en arrière. Son regard était devenu plus sérieux.

-Il s'agit plutôt de laisser tomber les masques, et non pas en mettre un nouveau. Je ne compte pas me venger en portant le masque d'un autre.

Aeon se leva. Il se dirigea vers une table, dans un coin sombre de la pièce. Il revint avec plusieurs document, qu'il posa sur la table.

-Voici plusieurs documents que j'ai trouvé dans les affaires de Ginjo. Des correspondances avec l'ancien Mizukage, responsables du massacre de nos deux clans. Il y a un rapport assez détaille sur le clan Kuromaku, et plusieurs discussions à ce propos.

Aeon tendit trois documents vers Eizo, les poussant de son côté de la table.