Eizo - création de poisons

A nouveau face à son établi, Eizo travaillait tel un orfèvre pour terminer son œuvre. Celle-ci, il y travaillait déjà depuis plusieurs jours, à nouveau la confection de divers poisons au moyen d’éléments premiers divers et variés actuellement déployés sur la table à laquelle il faisait face, au sein de son atelier. Diverses plantes séchées ou non, fioles de venins, concentrés de toxines, le tout pour créer des substances aussi subtiles que mortelles, ainsi qu’un ensemble d’outils et d’ustensiles nécessaires à leur conception. Une fois encore, son travail était à l’élaboration de mixtures plus complexes à partir de ces éléments, et surtout leur dilution pour que la quantité produite soit suffisante pour être utilisée correctement.

Sa première création était très complexe, car elle nécessitait l’alliance d’un grand nombre d’éléments de natures différentes pour atteindre les effets escomptés. Il avait dû broyer séparément deux sortes d’herbes différentes avant de les faire bouillir dans de l’eau pour créer un liquide imprégné des toxine contenues par les végétaux. Les toxines en question provoquaient des douleurs musculaires et autres désagréments corporels mineurs, mais rien de plus ; toutefois en étant mélangé aux bonnes substances ces propriétés se trouvaient des plus utiles. Alors une fois les mixtures réalisées, il les distilla pour séparer toutes les toxines en différents concentrés, ne gardant en fin de compte que les deux qui l’intéressait. Mais là n’avait été que la première partie de sa recette. Car ensuite, il avait fait chauffer un poison de scorpion avec de l’eau pour le diluer et uniformiser la substance. Ce poison, c’était celui d’une race de ces bestioles qui conservaient leurs repas pour plus tard. En somme c’était un poison paralysant, et un poison plutôt puissant en plus. Rien qui puisse immobiliser un humain adulte pendant trop longtemps, mais c’était largement suffisant pour ce que souhaitait faire Eizo. Le dernier élément essentiel à sa composition, c’était un jus de petites baies forestières qui avaient la propriété de gêner la digestion. Ce n’était pas tellement cela qui l’intéressait, mais plutôt la fulgurance avec laquelle les effets désagréables se produisaient. Alors encore une fois, il lui fallait séparer ces éléments. Il distilla la mixture trois fois jusqu’à obtenir un concentré comportant les effets qu’il l’intéressait, et il ne lui restait plus qu’à associer le tout en une seule substance. Pour accomplir cela, il réunit les ingrédients en un seul récipient, les mélangea avec une dose supplémentaire d’eau, et fit bouillir le tout. La texture finale était légèrement rosée, presque transparente, et pour la stocker il la transféra dans un flacon de taille moyenne. Cette substance avait pour but de ralentir les mouvements de ceux qu’elle affectait en agissant sur leurs muscles, suffisamment pour gêner leurs mouvements et leurs actions.

Sa seconde création était moins complexe mais au moins autant particulière. Elle ne nécessitait l’association que de deux composants : d’abord l’extrait d’une plante qui poussait en région désertique et dont l’extrait avait la particularité de détendre les muscles de quiconque avait la mauvaise idée de la consommer. Il produisit l’extrait en grande quantité, pour concentrer ses effets le plus possible afin que même dilué, il garde au maximum la puissance de ses effets. Le second élément était le même jus de baies qu’il avait pu utiliser dans sa précédente conception, pour que le poison se répande dans le système le plus rapidement possible. Il répéta la même opération, c’est-à-dire trois distillations, pour obtenir le concentré de toxine l’intéressait ; seulement le procéda avait été plus fastidieux car à réaliser pour une plus grande quantité de produit. Pour une fois, il n’eut pas à diluer le poison plus encore, car la quantité finale de ces produits séparés était suffisante pour produire une fois homogénéisée suffisamment de poison. C’est à cette œuvre qu’il se mit alors : assembler ces éléments différents pour en faire un seul, en les mélangeant puis en les faisant bouillir ensemble. Ce poison-là visait également une action musculaire, mais cette fois visait à détendre suffisamment les muscles pour empêcher la victime de rassembler correctement ses forces.

Il termina ses préparations sur une autre qu’il connaissait bien, une sorte de classique : la substance mortelle, qui n’avait aucun autre but que de tuer. Il avait pour l’occasion préparé une alliance simple mais efficace de venins d’araignées et de serpents, ceux de races qui tuaient rapidement et violemment leur proie d’une simple morsure. Pour certains, c’était même l’œuvre de quelques instants. Ces poisons déjà nocifs à l’homme, Eizo les avait rassemblés en une seule et même décoction, diluée pour remplir le critère de la quantité mais surtout soigneusement réalisée pour adopter la qualité de chaque poison. Car un shinobi n’était ni un lièvre, ni un cerf, ni un paysan. Il était la proie la plus évasive, la plus compliquée à faire tomber. Alors à proie coriace, arme coriace ; en l’occurrence un poison à la virulence rare, capable d’endommager lourdement sa cible très rapidement. Qui plus est, Eizo l’avait suffisamment dilué pour en faire une quantité plus conséquente. L’œuvre de l’empoisonneur accomplie, il restait en face de lui une fois son matériel évacué trois fioles de bonne taille. Une contenait un liquide légèrement rosé, une autre un liquide rouge comme le sang. La dernière était plus remplie que les deux autres, et présentait une décoction aussi claire que de l’eau.