Eizo Fuyusaki - Entrainement - Confection de mécanismes

Encore une fois, tel que ça avait été le cas d’innombrables fois déjà depuis plusieurs dizaines d’années, Eizo s’était attelé à la conception de mécanismes de pointe pour ses pantins. Au sein de son atelier, en ce jour éclairé seulement par les lumières artificielles accrochées au mur et pendant au plafond en chandeliers, il était placé face à plusieurs marionnettes allongée sur sa grande table de travail. C’étaient des corps de bois génériques sur lesquels les dispositifs en question avaient été installés pour être testés, rien de plus qu’une procédure standard pour Eizo. Il s’agissait alors pour lui de concevoir des versions améliorées de certains plans qui lui avaient été jadis légués par son clan, tout un ensemble de dispositifs défensifs ingénieux qu’il avait appris à faire à partir de schémas qu’il avait apporté avec lui en partant de Kiri, il y a de cela bien longtemps. Cela lui avait fait décocher un sourire de repenser que sa fuite s’était déroulée il y a déjà de plus d’un siècle. Dans tous les cas, trois mécanismes occupaient son esprit pour l’heure. Il avait bien l’idée d’encore quelques autres, mais c’était en partant déjà de ses idées pour les améliorations actuelles alors il lui fallait d’abord s’occuper de celles-ci. Il s’agissait de progression en tout point des mécanismes de para-vent, para-feu et para-foudre, plus résistants, plus efficaces, plus durables.

Alors la première partie de son travail été de les confectionner sur papier, au sein de larges feuilles de papier jaunies qui lui servaient de brouillon. Il avait accompagné cette confection de petites maquettes qui lui servait à réaliser les divers calculs nécessaires à l’ajustement des mécanismes. Lesquels étaient les suivant : le para-vent avait été retravaillé depuis le début. Le pantin lui-même n’était plus incrusté des cavités lui permettant de capter et disperser les jutsus, mais ceux-ci avaient été installés dans un para-vent plus grand et pliable, un dispositif colossal de la taille au moins de la marionnette. Le second, le para-foudre, avait été aussi largement amélioré : la tige en métal devant capter puis dissiper les éclairs en terre n’était plus double mais multiple, installée en plusieurs points le long d’un des membres du pantin et sur tout la surface de l’un de ses pieds (car Eizo testait ses mécanismes sur des pantins humanoïdes). Aussi, leur forme avait été optimisée pour capter la foudre au mieux et depuis le plus loin possible (bien que la distance n’était pas phénoménale), de même que leur matière et les isolants présents au sein de la marionnettes pour éviter tout dommage interne que la marionnette pourrait subir lors du voyage des éclairs le long de son corps. Enfin, le para-feu avait été à l’instar du paravent converti en un dispositif bien plus grand en taille. Les panneaux employés pour la version d’origine gardaient leur indépendance mais se ralliaient en un bouclier conique, orienté vers l’intérieur, sensé accueillir les flammes pour les dissiper tout en encaissant la force apportée aux flammes par le chakra de la technique.

Une fois les plans conçus, annotés, et corrigés, Eizo avait installé leur contenu sur ses trois pantins tests. Etait venue l’heure des tests pratiques sensés mettre à l’épreuve ses conceptions. Une pointe d’orgueil lui était d’ailleurs venue en se disant qu’il était, comme il s’en doutait, bien plus doué que ne l’avait jamais été aucun marionnettiste de son clan. Il ne dénigrait pas leur travail bien sûr, c’était juste la courbe naturelle de la progression technique que d’atteindre des versions plus performantes de chaque chose à chaque nouvelle génération de concepteur. C’était le cas pour les voitures, pour les trains, et pour chaque chose technologique, donc cela affectait les mécanismes qu’un utilisateur de Kujutsu pouvait installer sur ses pantins. Ces derniers jours ainsi, les trois derniers jours pour être plus précis, il avait mis ses créations à l’épreuve grâce à des Shinobis de son clan en lesquels il avait suffisamment confiance pour leur confier la tâche si délicate de l’aider à réaliser ces tests. Le pantin équipé du paravent à son bras gauche passa par l’épreuve associée, par laquelle il dut résister à des jutsus fuuton. Le mécanisme échoua à plusieurs reprises à faire mieux que son prédécesseur. Les planches craquelèrent pour éclater à des pressions et assauts bien moins vigoureux que ce qu’Eizo avait à l’origine prévu. Mais c’était normal, après tout c’était bien là le but de porter ces tests : pouvoir améliorer et peaufiner chaque détail des mécanismes réalisés. Ce qu’il fit bien sûr : des améliorations furent portés aux plans et schémas pour optimiser son efficacité. Le bois fut travaillé en conséquence pour supporter les modifications, jusqu’à ce que la résistance du mécanisme puisse finalement être porté à son paroxysme, qu’elle atteigne les prédictions d’Eizo.

La mise au point du para-feu fut plus délicate. Le dispositif échoua lamentablement au premier test en ne résistant qu’au même point que le puisse sa version précédente. Il fallut une demi-douzaine d’essai au concepteur pour que le pantin réussisse les tests, et cela fut d’autant plus long qu’il fallait ignifuger les panneaux de bois avant de les installer, naturellement. Parfois, ils se brisaient trop facilement, d’autres fois les flammes parvenaient à percer à travers le dispositif sans le briser avant que le point de rupture général ne soit atteint. Les améliorations et ajustements apportés ne se trouvaient jamais suffisants en fait, alors la solution apporté par Eizo fut de doubler la premier couche de panneaux par une seconde, ce qui en fin de compte revenait à augmenter sensiblement les coûts et les temps de production ; au prix du succès du mécanisme tout de même, qui par ce procédé vint même à excéder les attentes d’Eizo.

Finalement, la conception la plus longue sans être la plus compliquée fut celle du para-foudre. Le défi était là, au-delà du placement simple des tiges de métal, de mettre au point les isolants les plus efficaces possibles à installer a conduits situés à l’intérieur du pantin. Alors sur la marionnette test, il fut testé et se vit installé différents combinaison d’isolants, dont la résistance fut mise à l’épreuve d’abord par un courant électrique continu employé au quotidien, puis par des jutsus raiton. La combinaison, sans être ultime bien sûr mais qui se retrouva la plus efficace fut une alliance de céramique entourant les tiges de métal à l’intérieur du pantin à des dispositifs plus fragiles mais plus flexibles de petites pièces en bois disposés aux articulations. Naturellement, le choc des jutsus raiton finissaient par user ces protections et rendre le mécanisme inefficace, mais sa résistance avait largement atteint les prédictions que son concepteur avait espéré.

Alors celui-ci était en train d’apporter leurs touches finales à ses fabrications. Il s’agissait de corrections menues à ses calculs, rapidement faites pour être remises au goût du jour, puis leur ajout dans le dixième « livre des Marionnettes » qu’il écrivait lui-même. Les trois premiers étaient en fait les contenus des carnets de ses ancêtres qu’il avait concilié, les sept autres contenaient ses propres créations, allant des mécanismes comme ce qu’il était en train de faire, jusqu’aux techniques de confections artisanales liées aux pantins. A l’intérieur, tout était propre : écriture, schémas, annotations. On aurait dit un livre copié par un moine d’antan, d’avant l’invention de la machine à écrire et de l’imprimerie ; sauf qu’il ne s’agissait en fin de compte que d’un de ses épais carnets de notes.

De nouveau l’artisan était à l’oeuvre, Eizo se retrouvait dans son atelier attelé à la confection de nouveaux mécanismes. Fort de son succès d’il y a déjà plusieurs jours à l’amélioration de dispositifs autrefois mis au point par son clan, il cherchait à partir des succès en question à atteindre un niveau supérieur dans son artisanat. Une nouvelle fois, il avait tiré les rideaux sur le mur est de la pièce pour y laisser s’installer une pénombre brisée seulement par les chandeliers et lumières disposés sur les murs et accrochés au plafond. Sa tête débordait d’idées à mettre en pratique pour atteindre son but, réussir là où ses ancêtres avaient échoués, à la confection de mécanismes pouvant supporter la violence de jutsus Doton et Suiton. Mais là avait été un obstacle de premier ordre, trouver  un système qui permettrait une tel chose, déterminer laquelle de ses idées ferait loi pour atteindre son but. La plus simple à mettre en place en fait était celle concernant concernant les jutsus Suiton. La plus simple certes, mais c’est seulement comparé au reste car la tâche en elle-même demeurait ardue. Sa première idée était allée à la mise en place d’un système semblable à son para-vent de seconde génération.

Ayant conçu des panneaux similaires à ceux employés dans la conception du mécanisme en question, il les avait fait adopter une forme courbée pour qu’ils servent d’écran suffisamment efficace à la réception des techniques de ninjutsus employant l’eau. Malheureusement pour lui, ç’avait été un échec cuisant, car le système s’était retrouvé incapable de résister à la force déployée par ces ninjutsus. Les panneaux eux-mêmes résistaient, mais leurs supports ne pouvaient pas encaisser la violence des techniques réalisées par un de ses assistants à l’encontre d’une marionnette équipée du prototype. Plusieurs améliorations avaient été faites, concernant l’inclinaison des panneaux et le renforcement des supports mais rien n’y faisait. Cet échec n’avait pas été complètement vain toutefois, car Eizo compris de quelle manière il lui faudrait s’y prendre pour résoudre le problème : puisque c’était la violence des jutsus suiton qui posait problème, il fallait que le mécanisme se concentre sur la dissipation de cette force plutôt que sur encaissement frontal qui ensuite permettait la dissipation, à l’instar de son para-vent. Plusieurs prototypes, seulement couchés sur papiers, virent le jour, sans qu’il n’en trouva aucun suffisamment convaincant pour qu’il le mette en application ; ce fut tout de même jusqu’à ce qu’il en vienne à feuilleter des plans de ses mécanismes plus anciens qu’il en vint à une réalisation, qui en un instant lui parut si évidente qu’il s’en voulu de ne pas y être arrivé plus tôt. Il tomba en effet nez-à-nez avec un plan pour une pompe, et il se dit que c’était exactement ce qu’il lui fallait, une pompe suffisamment puissante pour capter et absorber l’eau composant les jutsus suiton ; en la désolidarisant de la forme donnée par le jutsu, sa force de frappe en serait nettement diminuée. Aussitôt arrivé à cette conclusion, Eizo se lança à la conception de cette formidable pompe.

Il lui fallait en réaliser une comme il n’en avait jamais fait auparavant, à la force de succion suffisante pour réaliser son œuvre et assez résistante pour ne pas céder à la pression de l’eau la traversant. Un autre défi était à l’évacuation de l’eau une fois celle-ci captée en raison de la quantité généralement prodigieuse d’eau employée par les techniques suiton. Sa solution avait été double : il lui fallait une citerne  à eau intégrée au mécanisme qui serait de bonne taille pour pouvoir contenir une certaine quantité de liquide en attendant que celui-ci soit évacué par un conduit situé au-delà de la citerne et vers l’extérieur du pantin, de telle sorte à ce que celui-ci puisse absorber et recracher en continu de l’eau. Une fois le système mis en place, rien n’était fini puisqu’il lui fallait encore mettre en place la pompe en elle-même et confectionner des tuyaux les plus résistants et étanches possible. Pour cela il opta pour des tuyaux en PVC, parfaitement étanches tout en étant résistants et souples : de tels tuyaux ne craignaient qu’une trop grande pression et ne risquaient pas de se briser facilement. Demeurait toujours le problème de la pompe, dont le point clé était la conception d’une pompe robuste, puissante, et rapide car initier le mouvement n’était pas la chose compliquée puis qu’Eizo avait plein pouvoir sur sa marionnette lorsqu’il la reliait par ses fils de chakra ; c’était juste que la pompe elle-même devait résister aux mouvement initiés qui allaient répétitifs, rapides et violents. Alors Eizo opta pour une conception originale, sortant bel-et bien des sentiers battus, puisque cette pompe serait faite en caoutchouc pour la partie rétractable, de telle sorte à ce que le mouvement de rétraction soit aidé par le caoutchouc retrouvant sa forme d’origine. La matière seule était suffisamment robuste pour résister au malmenage du mouvement de succion un certain temps. Si le mécanisme était enfin complet toutefois, il lui restait à passer les teste une fois un prototype mis sur pied.

Le prototype ne fut naturellement pas la clé du succès du premier coup, car si la presque totalité du mécanisme était parfaite dans cette tâche, c’était comme s’y attendait Eizo la pompe qui montrait toujours des signes de faiblesse en premier. Il dû tester plusieurs formes, plusieurs alliages et même multiplier les pompes pour tenter de circonscrire cette faiblesse, unique mais colossale : l’objectif était de faire en sorte que le point de rupture du mécanisme, car la rupture elle-même est inévitable, se fasse par le reste du mécanisme plutôt que par la pompe. Des ajustements furent faits, plusieurs designs furent mis au point et essayés jusqu’à arriver à un résultat satisfaisant, le design retenu étant  finalement un système de double pompes (de taille moyenne) et tuyaux, chaque système absorbant de l’eau en alternance avec l’autre afin d’optimiser la quantité d’eau absorbée, la rapidité avec laquelle l’eau est absorbée, et enfin la durée de vie desdits systèmes en ne les faisant pas travailler en permanence. Si le système comportait toujours quelques défauts, notamment les ressources consommées pour le produire et la résistance de la citerne qui laissait à désirer, il obtenait les meilleurs résultats parmi tous ceux testés en neutralisant une quantité non négligeable de jutsus Suiton avant d’être brisé.

Vint ainsi la seconde partie du programme d’Eizo, plus courte mais non moins difficile : établir un mécanisme permettant de neutraliser les jutsus Doton. Heureusement, Eizo ne partait pas de rien, car il savait désormais que pour ce genre de technique il lui fallait se concentrer sur la dissipation de la technique elle-même. Mais c’était justement là que résidait la grande difficulté de la tâche : réussir à désolidariser de la roche dure, ou des éclats de roches ou même de la boue. Le casse-tête fut vite résolu dans sa partie technique : c’était tout bonnement impossible par des moyens physiques passifs comme l’encaissement ou l’absorption ; théoriquement la solution aurait pu passer par des outils lourds ou des engins explosifs employés pour démolir l’effet de la technique, auquel cas toutefois se serait posée tout un tas de problème, comme la robustesse des outils employés, leur design et la force employée pour démonter chaque technique individuelle. En bref, autant utiliser les mois nécessaires à la conception d’un tel système à en réaliser plusieurs plus simples, ce serait plus productif. La solution devait être autre. Il trouva sa réponse après une demi-journée de réflexion intense, de papier gaspillé en notes et schémas et de tabagisme.

Si les phénomènes purement physiques de fonctionnaient pas, alors il suffisait de s’attaquer à un autre composant du ninjutsu, le chakra, car c’était bien ce qui composait l’effet des techniques. Eizo pensa au mécanisme suivant : une épaisse paroi, tel un bouclier et accidenté de courbes tel un chasse-neige pour augmenter sa résistance. La paroi seule ne ferait pas l’affaire bien sûr pour délier du chakra : dans sa conception, le marionnettiste intégra diverses cavités, nombreuses mais petites, dans lesquelles il viendrait infuser son propre chakra doton. Il filtrerait depuis ces cavités pour recouvrir toute la surface du bouclier et servirait comme amortisseur en dissipant le chakra contenu dans la roche formée par la technique, réduisant ainsi drastiquement la puissance de la technique qui serait encaissée directement par le bouclier : ce mécanisme formait ainsi comme une synthèse de tous ses procédés défensifs. Le seul défaut de la manœuvre était bien entendu la consommation en chakra directe, mais il n’avait pas réussi à trouver de parade à ce défaut, il faudrait donc composer avec. Le prototype réussi sans problème les tests de robustesse auxquels il fut confronté : diverses combinaisons de jutsus doton afin d’évaluer précisément quel était son point de rupture et quels designs et alliages pour le bouclier étaient les plus résistants face à ses épreuves.

Finalement, après presque une semaine de travail acharné et ininterrompu, Eizo avait enfin accompli ses objectifs. Fier de son génie (auto-déclaré mais possédant une certaine part de vérité) pour la conception artisanale, il coucha sur papier, au propre dans ses manuscrits, les plans de ses inventions. Mais alors qu’il achevait d’écrire au sujet de ce qu’il appelait son « dissipateur doton », il lui vint une pensée : celle qu’il serait possible d’adapter ce système à d’autres types de chakras, et justement lui-même possédait la maîtrise du chakra suiton.